La 39ème édition de Sitges, le festival de Catalogne nous a livré fin septembre un nouveau palmarès de films d’animations. Malgré la présence en compétition de certaines œuvres très attendues du public, comme Paprika de Satoshi Kon, ou bien encore Origine des studios Gonzo, c’est une œuvre plus discrète qui remporte la plus haute marche. Le lauréat 2006 est Toki wo Kakeru Shoujo, dont le titre anglais, “The girl who leapt through time”, pourrait se traduire par "La jeune fille qui bondissait dans le temps".
Toki wo Kakeru Shoujo est une histoire fantastique sans monstres ni violence, dont le récit, basé sur une nouvelle de Yasutaka Tsutsui ( "Toki wo kakeru shôjo", traduction "La traversée du temps", publiée en 1965 au Japon) semble bien poétique. Une jeune fille de 17 ans du nom de Makoto Konno obtient le pouvoir de "bondir" pour remonter dans le temps. Bien sûr, sa première réaction sera logiquement d’améliorer ses notes et de réparer ses erreurs, mais modifier le passé n’est pas chose aussi aisée qu’il n’y paraît. Elle utilisera néanmoins son pouvoir pour façonner son futur et celui de ses amis, car arrive la dernière saison où ils pourront être ensemble et jouer au baseball après les cours.
C’est Mamoru Hosoda, qui n'a pourtant à son palmarès que quelques réalisations sans envergure telles que l'un des films One Piece (One Piece : Omatsuri Danshaku to Himitsu no Shima), ou encore Digimon Adventure, qui signe ce long métrage d’animation ambitieux.
Le projet a été conçu au sein du vénérable studio Madhouse, fondé en 1972 par Osamu Dezaki et Masao Maruyama. On doit notamment à Madhouse les œuvres de Yoshiaki Kawajiri (La Cité Interdite, Ninja Scroll), les adaptations des mangas de Clamp (Card Captor Sakura, X de Kawajiri, Chobits) mais également la production de Paprika de Satoshi Kon.
Le réalisateur de Toki wo Kakeru Shoujo s’est appuyé sur des dessinateurs de renom puisque le character design est de Yoshiyuki Sadamoto (Fuli Culi, Neon Genesis Evangelion) et la direction artistique de Nizo Yamato (Princesse Mononoke, Le voyage de Chihiro).
L’histoire teintée de sensibilité paraît des plus prometteuses. Le passage du temps de l’enfance à celui des adultes est source de bien des interrogations, la question se posant de savoir si le pouvoir sur le temps permet de se construire. Comme l’a écrit un moine japonais sur une lame de bois servant au "réveil" des moines lors de la méditation : "Le temps n’attend personne".
A n’en pas douter, Toki wo Kakeru Shoujo (The girl who leapt through time) mérite toute l’attention des distributeurs français pour une sortie en salles. Sa qualité graphique et sa trame délicate en font une œuvre ne pas manquer et le jury du Festival de Sitges ne s’y est pas trompé.