Voici un autre article tiré d'internet, cette fois sur le nouvel an jjaponais
Le Nouvel An commence dès le début du mois de décembre avec les pots de fin d’année ou bonenkai (réunion pour oublier l’année en cours) entre amis et collègues. C’est une débauche de restaurants et de petites gargotes plus ou moins sophistiquées où l’on se retrouve pour manger mais surtout pour boire force bière, saké et whisky sous l’œil indifférent du patron ou de la mama-san (patronne de petits bars ayant ses habitués). C’est une joie de voir les salariés si sages le jour se laisser aller à l’ivresse le soir, après la journée de travail. Là, on laisse les manières guindées à la porte. Les cœurs s’ouvrent sur les joies et les peines de tout un chacun. Il faut vivre ces moments pour comprendre qui sont les Japonais : de bons vivants. Ces réjouissances ont lieu presque tous les soirs. Il faut une solide santé pour participer à toutes ces soirées bien arrosées. Le retour chez soi à une heure de train ou plus du restaurant écourtent les nuits déjà précieuses. Mais la récession économique se fait aujourd’hui sentir et les bonenkai et shinnenkai sont un peu plus rares maintenant que l’argent ne coule plus à flots dans les sociétés, ce qui n’est peut-être pas une si mauvaise chose car elle permet aux pères d’être un peu plus présents à la maison auprès de leur famille...
À mesure que la fin du mois de décembre approche, une certaine agitation gagne les maisons. C’est l’un des rares moments de l’année où l’on peut voir les ménagères s’activer à astiquer leur intérieur. Il faut que tout soit propre pour la nouvelle année. Les carreaux et les rideaux sont lavés, les feuilles de papier qui couvrent les portes coulissantes sont remplacées, etc... On profite de cette période pour régler ses dettes. Tout doit être en ordre. Maisons et magasins accrochent des décorations spéciales à leur porte d’entrée.
Un autre rituel préoccupe les familles : l’achat, l’écriture et l’envoi des cartes de vœux de bonne année. Cela représente une lourde tâche dans une famille et grève les portefeuilles. Les cartes de vœux peuvent être soit achetées en grand nombre dans les divers magasins qui proposent toute une gamme de couleurs, de textes et de dessins, soit achetées à la poste avec un numéro de loterie au dos, soit dessinées par l’expéditeur ou ses enfants et dans ce cas elles sont plus personnelles (la photographie de famille avec message préimprimé est souvent envoyée aux connaissances car de nombreux photographes proposent de transformer les photos en carte postale à ce moment de l’année. Les amis lointains peuvent ainsi voir grandir les enfants). La moyenne d’envoi est d’environ deux cents à trois cents cartes par famille.
La situation économique évoluant, l’informatique aidant, les ministères critiquant ces "obligations", leur nombre a nettement chuté ces dernières années. Mais il n’en demeure pas moins que c’est un commerce fructueux. C’est aussi un moment où l’on peut donner toute la mesure aux quelques talents que nous possédons.
Dans les jours qui précèdent le 1er Janvier, parallèlement au ménage, les femmes commencent à préparer les mets qui formeront les repas du Nouvel An car il n’est pas question qu’en cette journée particulière elles travaillent. Les mets qui sont choisis sont excellents et de préférence au goût de la maison. Chaque maison possède son goût propre. Les magasins regorgent de plats pour cette occasion.
Une des grandes préparations de cette période est notamment le "mochi". C’est une espèce de riz gluant que l’on fait cuire puis que l’on pile pendant plusieurs dizaines de minutes afin qu’il se transforme en pâte homogène. Traditionnellement, il est pilé à la manière africaine, c’est-à-dire dans un récipient en bois, à l’aide d’un marteau-pilon également en bois. Pour accomplir ce rituel chez soi, c’est assez compliqué et l’esprit pratique et mercantile japonais étant passé par là, on trouve aujourd’hui des machines électriques à piler le riz gluant. On y fait d’abord cuire le riz, puis il est malaxé pendant environ 30 minutes et l’on obtient la pâte sans avoir eu besoin de suer à grosses gouttes. On façonne ensuite des boules de différentes grosseurs que l’on fait sécher une nuit entière pour confectionner une décoration typique du Nouvel An avec des feuilles vertes et une mandarine, sorte d’offrande traditionnelle pour les Dieux, que l’on dispose dans l’entrée ou dans la pièce principale de la maison. Le reste du mochi est modelé en petits carrés que l’on mettra dans la soupe du 1er janvier, ou en petites boulettes que l’on fourre d’une pâte de haricots rouges sucrés qui en fera un dessert excellent pour accompagner le thé vert.
MochiNous voilà arrivés au 31 décembre dans une famille japonaise. Bien sûr, les sociétés ont fermé leurs portes afin de laisser leurs salariés regagner leur foyer. Les shinkansen sont complets, de même que les avions. C’est une nuit plutôt calme car chacun est pressé de se retrouver au chaud, en famille. Peu avant minuit, la maîtresse de maison mais cela peut aussi bien être le maître, s’active à la cuisine pour préparer le dernier plat de l’année qui se compose toujours de nouilles de sarrasin que la maisonnée attend de manger avec impatience. C’est un plat simple mais que l’on déguste en faisant du bruit.
SobaDans de nombreuses familles, il est de coutume de regarder une émission de télévision qui se déroule sur plusieurs heures, "Koohaku", qui oppose 2 équipes, l’une étant composée d’hommes et l’autre de femmes, chacune symbolisée par une couleur, le blanc ou le rouge. Ces équipes sont formées par des chanteurs en vogue et des gloires plus établies. C’est l’occasion de voir qui a obtenu un certain succès au cours de l’année, d’écouter de la musique pop, rock ainsi que du enka (chansons traditionnelles japonaises) en famille.
Puis retentissent dans le silence de la nuit les cent huit coups de cloche d’un temple voisin. Le Nouvel An est arrivé. On se souhaite une bonne année. On discute un peu et on se fait des promesses pour l’année qui commence. Certains se rendent déjà au temple pour prier. On se couche car la journée qui commence va être longue. En effet les plus téméraires ne se coucheront pas ou très peu et iront voir les premiers rayons de soleil se lever sur le Mont Fuji s’ils habitent dans le Kanto, la région de Tokyo. Ils reviendront avec beaucoup d’espoir car ils auront fait des vœux qu’ils espèrent voir se réaliser dans l’année.
Enfin le repas du Nouvel An commence. Après le fameux "Akemashite omedeto gozaimasu" qui inaugure cette nouvelle année, on boit une petite coupe de saké, de préférence avec des paillettes d’or, à jeun.
Puis sont posés sur la table basse la boîte à étages qui contient les mets raffinés mais froids du Nouvel An et les autres plats que la mère de famille aura préparés. On mange par exemple des œufs de poisson (Kazu no ko), du Kamaboko (ce que l’on appelle en France le surimi, la pâte de poisson présentée en petits bâtonnets aromatisés, mais c’est bien meilleur au Japon !), des haricots noirs et rouges sucrés, des rouleaux d’œufs (tamagoyaki), des champignons, du tofu et des pousses de bambou cuits dans une sauce à base de soja, des petits poissons enrobés d’une sauce sucrée... C’est l’hiver : une bonne soupe au mochi et un bon thé vert servis lors du repas réchauffent les corps enveloppés de sommeil. Le saké nous y a préalablement aidés.
repas de nouvel anCe premier jour de l’année est consacré à la famille proche, c’est-à-dire aux parents et aux grands-parents. Les rues sont vides de monde. La période du Nouvel An est très attendue par les jeunes car c’est le moment où ils reçoivent leurs étrennes des différentes personnes de leur famille dans une très jolie enveloppe.
On se rend au temple le plus proche de chez soi pour y faire des prières. On sonne une cloche du temple en tirant une grosse corde, on frappe 2 fois dans ses mains et on médite quelques instants, après avoir jeté un peu d’argent dans la boîte située à l’intérieur du temple. On y achète un porte-bonheur ou un ex-voto à l’effigie de l’année (le mouton pour 2003), on tire un "omikuji", sorte d’horoscope qui annonce le ton de l’année qui commence. Si l’on a eu le malheur de tirer un mauvais horoscope, pas de panique, on l’accroche aux branches d’un arbre du temple ou sur un petit panneau prévu à cet effet, ca enlève le mauvais sort.
omikujiDe nombreuses femmes revêtissent leur plus beau kimomo et posent sur leur épaule une étole en fourrure pour se rendre au temple tandis que quelques hommes portent des kimonos sobres, un sac à main et des claquettes de bois. C’est le calme qui règne et c’est agréable.
Le deuxième jour, on rend visite aux parents plus lointains et on peut retourner au temple. La cuisine est la même que celle de la veille. Le troisième jour on élargit le cercle des visites à rendre : sont inclus les amis, les chefs, etc... Cette période de bons vœux va encore s’étendre sur une quinzaine de jours en festoyant de nouveau dans les restaurants et les bars. C’est le shinnenkai (réunion de nouvelle année).
templeAprès la fête de passage à l’âge adulte (pour les jeunes garçons et filles qui ont 20 ans dans l’année) qui a lieu depuis 2002 le deuxième lundi de janvier, jour donc férié, les pots tarissent en densité et la routine reprend peu à peu sa place. C’est aussi ce jour que la Poste japonaise choisit pour faire son grand tirage au sort avec les numéros inscrits au dos des cartes de vœux. Les gagnants se rendront ensuite dans leur bureau de poste pour y chercher leur cadeau. Une nouvelle année commence...