Pourquoi tu pleures ?
J'aimerais me sentir belle.
Pourquoi tu pleures ?
N'y a personne qui m'appelle.
Son visage est toujours dissimulé derrière ses mains, elle sanglote et tremble.
Harry : calme toi, Hermione…
J’hésite avant de me rapprocher d’elle et de passer mon bras autour de ses épaules pour la serrer contre moi. Elle lâche un hoquet de surprise. Normal c’est la première fois que je prends l’initiative de ce genre de contact. Et ça marche, elle arrête de trembler et ses pleurs diminuent. Je me penche à son oreille. Mon souffle la fait frissonner.
Harry : Je suis là… Ne pleure plus…
Elle se calme un peu et avant que je ne dise quoi que ce soit, elle continue de me raconter ses problèmes.
Hermione : Ne te moque pas mais… Je… Je me sens parfois… laide.
Je suis stupéfait par cette révélation. Je suis témoin que sa laideur est pratiquement inexistante. Je me détache un peu d’elle pour voir son expression. Elle est très sérieuse, et même très gênée.
Hermione : …A côté de toi.
Je reste interdit. Elle lève les yeux, pour voir ma réaction sans doute. Je rougis comme c’est pas permis, je viens à peine de comprendre qu’elle me trouvait beau. Je détourne les yeux deux secondes avant que mon regard ne retombe sur ses lèvres.
Hermione : … Je… Il y a tellement de belles filles à Poudlard ! Cho par exemple… Mais, c’est moi qui suis LA fille qui traîne avec toi. Pourquoi ? Je suis tellement… banale, quelconque… Je sais que c’est stupide de penser comme ça. Que toi, tu n’en as rien à faire. Mais… Moi ça me pèse parfois.
Je ne réponds pas tout de suite, j’attends d’être certain qu’elle ait terminé. En fait j’essaye de gagner du temps.
Harry : Pour commencer, il n’y a pas tant de belles filles à Poudlard et…
Hermione : Et Cho Chang ?!
Je suis un peu surpris par son haussement de ton mais je continus.
Harry : Cho est très belle, mais je n’en suis plus amoureux et puis avec elle on ne peut pas discuter deux minutes sans qu’elle commence à pleurer ou à reprocher quelque chose sans raison ! Et je ne l’aime plus… Enfin, on s’en fiche de ça…
C’est vrai, pourquoi j’insiste sur le fait que je ne suis plus amoureux de Cho ?
Je décèle une lueur étrange briller dans les yeux chocolat de mon amie. Elle est suspendue à mes lèvres, voulant connaître le fin mot de l’histoire.
Harry : Ce que je veux dire c’est que… Avec toi, je… je peux discuter. Toi, tu… Quand tu me reproches quelque chose, c’est que j’ai vraiment quelque chose à me reprocher, enfin… Tu vois ce que je veux dire ! Et toi, je…
Où est-ce que je veux en venir ?
Hermione : …tu ?
Harry : Je…
Nos regards se croisent et je ne trouve plus mes mots. Je ne sais plus quoi penser… Je n’arrive plus à penser.
Harry : Je…
Je me penche vers elle doucement, mes lèvres frôlent sa joue, ce qui l’a fait sursauter. Elle tourne la tête et fixe le feu.
…
Qu’est ce que j’allais faire ?
Harry : Toi, tu fais ressortir le vrai moi. Comme tu l’a dis tout à l’heure, tu me vois comme je suis. Le fait que je sois Harry POTTER, je pensais que ça ne te faisait rien… Je croyais que ça t’était égal…
Hermione : Ca m’est égal !
Harry : Alors pourquoi tu en souffres autant ?
Hermione : Ca ne vient pas de toi !
Harry : Alors d’où ça vient ?!
Je me suis laissé emporter. Un silence pesant s’installe entre nous tandis que nous nous fixons droit dans les yeux.
Elle a des milliers de rêves en tête.
Elle voit d'autres ciels à sa fenêtre.
Elle est comme toutes les autres à son âge.
Elle voit trop de princes qui sont de passage, et qui l'aiment sans poser de questions, qui promètent et qui oublient son nom.
Elle repose son regard dans la cheminée d’un air songeur. Elle finit soudainement par briser la glace.
Hermione : Tu as des rêves, Harry ?
Elle change de sujet ! Est-ce que je devrais marcher dans son jeu ? Est-ce que c’est vraiment hors sujet ou va t-elle me dire ce qui cloche vraiment ?
Harry : Comme tout le monde…
Elle me regarde à nouveau d’un air impassible en m’encourageant d’un regard à continuer.
Harry : Je voudrais devenir Auror… Pour éviter que d’autres enfants ne vivent ce que j’ai vécu… Ou alors joueur professionnel de Quidditch.
Elle me sourit tendrement et baisse les yeux quand mon regard pénétrant commence à la gêner.
Hermione : Moi… Je voudrais sortir souvent avec des amies… tomber amoureuse d’un garçon, me sentir désiré par ce garçon… plus tard me marier avec lui. Qu’on fasse plein de voyages ! Qu’il m’emmène dans des endroits magiques ! Mais pas une magie comme celle des sorciers, tu comprends ? Que ça soir magique parce qu’il sera là, avec moi… que les secondes deviennent une éternité… J’aimerais qu’il m’aime pour ce que je suis. Qu’on soit sur la même longueur d’onde.
Je la contemple silencieusement. Oui « contempler » est le mot juste. Au fur et à mesure qu’elle me racontait comment elle voudrait son avenir, elle était de plus en plus rayonnante, comme si pendant son récit, elle vivait ces moments. Moi, je restais silencieux, j’étais ébloui par ce sourire qu’elle affichait. Et maintenant je m’aperçois que j’avais à nouveau retenue ma respiration, comme si le moindre souffle pouvait faire s’écrouler ce bonheur fugace qui pétillait dans ses yeux.
Et en même temps j’étais troublé… A chaque fois qu’elle parlait de celui avec qui elle voulait partager sa vie, je comparais ses dires avec notre relation… Je n’avais jamais vraiment vu Hermione… Je veux dire, jamais comme la fille qu’elle est. Fascinante et magnifique… Ce nouveau point de vue chamboule tout ce qui me semblait inchangeable entre elle et moi. Avant que j’ai pu m’en empêcher, je m’imaginais déjà à ses côtés dans un endroit magique… A lui tenir la main et à l’embrasser.
Mes yeux se posent à nouveau sur ses lèvres… Je me donne une claque mentale et rapporte mon attention à la cheminée.
Harry : C’est un souhait assez répandue chez les filles de ton âge.
Cette remarque était pour me détendre un peu, sur le ton de la plaisanterie. Mais Hermione m’adresse un regard vexé.
Hermione : Je suis une fille banale, Harry ! Je suis comme les autres ! Je rêve au prince charmant, j’aime qu’on me remarque, qu’on me regarde, j’aime m’éclater, j’adore quand tu me souris ! Comme les autres filles normalement constituées, je te trouve séduisant à en tomber par terre !
Je me tourne brusquement vers elle, assimilant difficilement ce qu’elle vient de dire. Elle est aussi sidérée que moi, elle se mord les lèvres comme pour empêcher les mots se s’échapper, mais c’est déjà trop tard. Elle évite mon regard et s’écarte un peu.
Hermione : Enfin, tu as compris où je voulais en venir…
Un nouveau silence s’installe.
Harry : Euh… Vic… Krum ne correspond pas au prince charmant ?
Un voile de tristesse passe devant ses yeux.
Hermione : Victor… On a plus de contact depuis un an…
Harry : Ah…
Malgré mon manque de réaction, je me réjouis. Vicky n’était pas fait pour elle… Comment dire ? Trop de muscle et un trop petit cerveau.
Hermione : il a fini par m’oublier… On ne se voyait qu’une fois par an. Et puis on avait décidé de se mettre ensemble sur un coup de tête. Il était juste de passage. On parlait jamais, ou quand ça arrivait, c’était de Quidditch. Dans un couple, le dialogue c’est important ! Je lui ai dit que je préférais qu’on reste ami. Mais ça ne lui suffisait pas…
Harry : … Pourquoi tu dis que c’était sur un coup de tête ?
Hermione : Au début c’était… Pour rendre jaloux un garçon…
Ron. Je ravale le sentiment amer qui vient de naître dans ma gorge et regarde mes pieds. L’amer vérité me glace le sang. En oubliant Ron, J’avais également oublié qu’il sortait avec Hermione depuis le bal de noel de cette année.
Harry : Ca a marché, il nous a fait une belle crise ! Et maintenant vous êtes ensemble…
Hermione : …
Elle me jette un regard en coin avant de continuer.
Hermione : Ron… C’est un enfant bourré de contradiction. Il essaye de se convaincre lui-même qu’il est amoureux de moi, mais en même temps, quand c’est trop pour lui, il fuit et provoque une dispute. Il ne se préoccupe que de lui, il se moque de ce que je peux ressentir, il ne réfléchis pas avant de me dire des choses qui me blessent inutilement. Avec lui non plu, je ne parle pas de… On ne parle pas des problèmes qu’on a ou de nos rêves d’avenirs…
Cette fois, elle me regarde franchement dans les yeux.
Hermione : Ron, ne me comprend pas aussi bien que toi, il ne sait pas autant sur moi.
Je lis dans ses yeux chocolat comme dans un livre ouvert. Elle ressent la même chose que moi, elle est perdue, elle découvre une nouvelle façon de voir les choses.
Hermione : Victor ou Ron… Ils finiront par m’oublier.
Que veut-elle dire ? A-t-elle rompu avec Ron ?
Elle se rapproche lentement de moi comme pour éviter de me faire peur. Mais je n’ai pas peur. Je n’arrive plus à suivre, je crois qu’il se passe quelque chose d’important là.
Hermione : …Et toi ? Tu vas m’oublier aussi ?